MANZ. 12. 0013 [Postillato] Milano, Biblioteca Nazionale Braidense

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Vous êtes un peu impatientant de ne pas placer ici en entier le fragment de Claude. Il importe infiniment moins de connaitre l'opinion de Tacite sur ce que cinquante personnes auraient dû dire, chacun à son tour, que de savoir ce qu’elles ont réellement dit.

Luogo dell'opera: Livre huitième, § II: «Les Gaulois admis dans le sénat et aux dignitées de l’empire. Fragment du discours de Claude à ce sujet».
Termine o passo postillato: Ce discours, prêté à Claude par Tacite, peut passer pour un précis de celui que cet empereur prononça réellement dans le sénat. C’est de quoi chacun peut aisément se convaincre par la comparaison avec un fragment original de la harangue de Claude, qui se conserve encore aujourd’hui dans l’hôtel de la ville de Lyon, et que Juste Lipse a inséré dans son commentaire sur Tacite. On y retrouve le reproche d’innovation réfuté par les changemens arrivés dans l’administration de la république romaine, le motif tiré de l’attachement constant et fidèle des Gaules pour l’empir de Rome, depuis qu’elles ont été soumises par César; le tout traité d’une manière lâche, en style verbeux, avec des écarts peu nécessaires; mais la diction est coulant et ne manque pas d’élegance. Un des écarts dont je viens de parler est un mouvement de la vanité de Claude sur la conquête d’une partie de la Grande-Bretagne. «Si j’exposois ici (dit-il) par quelles guerres nos ancêtres ont commencé, et jusqu’où nous avons étendu notre domination, je craindrois qu’on ne me supçonnât de vaine gloire au sujet de bornes de l’empire reculées au-delà de l’Océan». Je ne sais si ceux qui liront ce fragment en entier trouveront que Tacite nous ait rendu un mauvais service, en substituant son discours à celui de Claude. S'il eût transcrit ce dernier dans son ouvrage, la vérité historique eût été plus scrupuleusement observée, mais les lecteurs de goût auroient été moins satisfaits.