Lettera n. 675

Mittente
Manzoni, Alessandro
Destinatario
Fresne, Marcellin de
Data
10 dicembre 1842 (ce 10 Xbre 1842.)
Luogo di partenza
Milan
Luogo di arrivo
Paris
Lingua
francese
Incipit
Comment faire avec vous
Regesto

Alessandro Manzoni ringrazia Marcellin de Fresne dell'infaticabile aiuto che continua a prestargli nella trattativa con l'editore Baudry e fa alcune osservazioni sugli ultimi accomodamenti. In particolare, sottolinea la problematicità della dichiarazione di sola edizione pubblicata in Francia con il consenso dell'autore che Baudry intende aggiungere sul frontespizio della sua edizione non illustrata dei Promessi sposi, chiede che Baudry non gli faccia concorrenza in Inghilterra, dove ha già preso accordi con l'editore londinese Rolandi e commenta il prezzo dell'edizione. Spedisce a Baudry le ultime 4 dispense dell'opera.

Testimoni
  • (minuta) Milano, Biblioteca Nazionale Braidense, Manz.B.I.45/6
  • (copia) Milano, Biblioteca del Centro nazionale di studi manzoniani, 1842/327
Edizioni
  • PARENTI 1945, p. 328 (dalla minuta).
  • ARIETI-ISELLA 1986, lettera n. 675, vol. II, pp. 260-264, note alle pp. 806-807.
Opere citate

Storia della colonna infame; I promessi sposi

+ Testo della lettera

Comment faire avec vous, cher et excellent, et trop bon ami? on ne trouve pas d'expressions pour vous remercier dignement; et vous demandez à être jugé. Vous savez, et je n'ai pas manqué de le déclarer dès le commencement à M.r Baudry lui-même, qu'un arrangement était ce que je souhaitais de préfèrence; celui que vous avez conclu est établi sur les bases que j'ai proposées moi-même; et la clause nouvelle que vous avez acceptée (la faculté à M.r Baudry de réimprimer en cas de contrefaçon non poursuivie) était de stricte équité. Ainsi la seule chose qui m'empèche de repondre oui à la question que vous me faites, si je suis satisfait, est que ce mot serait aussi étrange sous ma plume, qu'il est aimable sous la votre. La réserve que vous avez faite pour l'addition de clauses accessoires, semble me laisser la faculté de vous soumettre quelques observations de détail. Je vais en profiter, autant bien entendu (et il parait même superflu de le dire expressément) que ces observations ne se trouveront dans la plus petite contradiction, je ne dis pas avec aucun engagement formel que vous pourriez avoir pris de vive voix avec M.r Baudry, mais avec aucune interprétation qu'il aurait pu faire raisonnablement de vos paroles. Cela bien posé: 1.o — la formule toute nue: «seule édition publiée en France avec l'assentiment de l'auteur», outre qu'elle semble m'interdire pour toujours la faculté de donner un assentiment pareil, peut avoir l'inconvénient de servir de prétest et d'excuse aux libraires d'Italie et des états autrichiens, pour l'introduction de cette édition, et d'induire même en erreur les bureaux de censure. Cet inconvénient, qui est le plus grave, puisqu'il peut produire des effets réels, serait levé, en ajoutant que l'auteur n'a pas entendu autoriser l'introduction dans les états, où il a le droit d'auteur pour l'ouvrage. Je mettrai probablement une déclaration semblable sur la couverture de mon édition. 2.o — Quoique je ne prétende pas restreindre à la France la vente des 300 éxemplaires de la mienne, il importerait de l'exclure de l'Angleterre. M.r Rolandi, libraire de Londres, outre un nombre d'exemplaires qu'il m'a acquis définitivement, en a d'autres en suspens, et me fait espérer qu'il en pourra placer encore davantage. Je ne vaudrais donc pas que M.r Baudry me fit concurrence de ce coté–là. Si (toujours dans la supposition que vous êtes parfaitement libre) vous le faites consentir sur cet article, sa déclaration suffira sans qu'il soit nécessaire d'en insérer la clause expresse dans le traité. 3.o — la stipulation du 13.me exemplaire, qui a réduit le 104 du 1.er contrat à 96, était établie sur une remise différente, c'est–à–dire 25% sur 35 cs. La nouvelle remise équivaut à 37% sur le même prix, c'est-à-dire à une diminution de douze %. Si vous y avez consenti en vue du contract général, il n'y a certes pas à revenir là–dessus; dans le cas contraire, veuillez en faire l'observation à M.r Baudry. 4.o — dans ma dernière lettre, j'ai consenti spontanément à un prix d'annonce inférieur à celui que vous avez plus sagement stipulé, et il n'y a pas non plus à revenir sur cela, si vous en avez déjà parlé à M.r Baudry, comme d'une modification arrêtée. Seulement dans ce cas même, je vous prierais de lui dire, que s'il ne trouvait pas d'inconvénient pour lui à maintenir le prix stipulé avec vous, il me ferait bien plaisir, ayant réfléchi que tout ce qui aurait l'apparence d'un rabais ne pourrait que nuire à mon édition, pour laquelle j'espère bien n'avoir jamais le besoin de recourir à ce moyen. Car je vous dirai que la vente par livraison couvre déja à–peu–près les 5/6 des frais, et que, pour la vente des exemplaires complets, j'ai l'avantage de m'en trouver presque le seul possesseur, parceque presque tous les libraires, s'imaginant que le prix serait réduit après l'achèvement de l'édition, n'ont démandé que tout juste le nombre d'exemplaires correspondant à celui de leurs abonnés. 5.o et enfin, ne trouvez-vous pas que l'on pourrait omettre l'article, où il est parlé de nouveaux exemplaires à acheter par M.r Baudry? puisque d'un coté ce n'est pas un engagement formel, et de l'autre, la déclaration de M.r Baudry, que cela sera difficile, tend à constater une opinion défavorable; et qui, j'ose le repéter, ne me–semble pas juste. Certes, ce serait une extravagance d'espérer en France, pour cette édition, un débit approchant de celui qu'elle a eu et qu'elle peut avoir en Italie, puisque indépendamment de la langue dans laquelle l'ouvrage est écrit, le prix n'est pas en proportion avec celui que l'on est accoutumé à payer en France pour les éditions du même genre (en général pourtant, et non sans exceptions). Mais il y a un certain nombre d'amateurs disposés à payer plus cher ce qui vient de l'étranger, et qui, en même temps, a un mérite réel, ce que, sans être accusé de faire valoir ma marchandise, je crois pouvoir dire de mon édition. Je crois donc que M.r Baudry pourra très bien faire marcher de front son édition et la mienne, qui s'adresse à une classe d'acheteurs bien plus restreinte, mais qui éxiste pourtant, et que M.r Baudry peut atteindre mieux que personne, s'il le veut bien. Je crois ne pouvoir vous donner une marque plus claire de mes dispositions envers lui, qu'en vous parlant, comme je le fais, sans rancune, et presque avec intérêt, de cette petite édition, qui était et devait être ma bête noire.
Je vais m'expliquer encore plus ouvertement et plus franchement. Il y a malheureusement antagonisme naturel entre l'auteur et son éditeur étranger; j'avais espéré que, pour et même par mon édition illustrée, cet antagonisme ne subsisterait pas entre M.r Baudry et moi: je ne demande pas mieux que de rentrer dans mon espérance, et de voir des rapports bienveillants sortir de la guerre même. Je ne lui envoye pas les livraison qui contiennent les pages 769–832, puisque, ayant fait prendre des informations chez son correspondant, on m'a assuré qu'il lui en avait déjà fait l'envoi. Mais je viens d'achever la correction des 4 livraisons suivantes, qui terminent le volume, et je me fais un véritable plaisir de les lui expédier, sous bande, par ce même courier.
N'est–ce pas une trop grande liberté que de vous prier de lui demander s'il aime mieux avoir les 200 exemplaires distribués en livraisons détachées, avec les couvertures, ou simplement en feuilles deliées ou brochées?
Il me semble qu'il est inutile de m'envoyer le brouillon du traité, puisque l'essentiel en est arrêté, et que vous seul pouvez être juge de la possibilité de proposer les additions que je vous ai indiquées.
L'affaire la plus difficile comme la plus chère, serait de vous exprimer, comme je la sens, ma vive, tendre et humble reconnaissance pour tout ce que vous avez si bien fait, et pour tout ce que vous étiez prêt à faire pour moi. Mais, pour grande que soit votre générosité, et votre oubli de vous même dans tout ceci, je ne crois pas possible que vous ne vous l'imaginiez. Je vous paye bien en affection. Mais n'est–ce pas un nouveau bonheur pour moi, et une nouvelle bonté de votre part, que vous la comptiez pour quelque chose? Adieu, vraiment cher et excellent ami; ne m'oubliez pas auprès de M.r votre frère.

Alexandre Manzoni

P. S. — Je vous fais déclaration expresse, que si vous ne m'ôtez pas ce petit bout de Monsieur que vous m'avez laissé, je vous le rendrai, en vous faisant mes excuses par dessus le marché.

P. S. — Si vous pouviez douter de mes sentimens à l'égard de la conclusion de l'affaire que vous avez bien voulu épouser, et que vous avez su dater, vous n'avez qu'à relire mes billets antecedents. La prorogation à 4 années ne me fait rien du tout. J'ajoute ici ce qui peut manquer dans ma lettre à l'expression pleine et entière de ma satisfaction.
M.r Baudry ne s'aperçoit–il point qu'en stipulant la faculté eventuelle de poursuivre lui–même les contrefacteurs, il me reconnait le droit qu'il me conteste?
Je vous embrasse de nouveau, et ne finirais jamais de vous remercier.
Il est inutile de rien ajouter ici sur la liberté la plus entière que vous avez naturellement de donner corps à mes observations, ou de les supprimer.