Lettera n. 640
- Mittente
- Manzoni, Alessandro
- Destinatario
- Fresne, Marcellin de
- Data
- [19 maggio 1842]
- Luogo di partenza
- Milan
- Luogo di arrivo
- Paris
- Lingua
- francese, latino
- Incipit
- Les lettres que j'ai eu l'honneur et le plaisir de recevoir
- Regesto
Alessandro Manzoni informa Marcellin de Fresne dei disguidi sorti con l'editore e libraio parigino Baudry intorno allo smercio della nuova edizione dei Promessi sposi in Francia e lo incarica di seguire per suo conto le trattative. In particolare, al fine di ostacolare l'edizione economica annunciatagli da Baudry, lo autorizza a pubblicare a Parigi per suo conto due capitoli inediti, uno del romanzo e l'altro della Colonna infame.
- Testimoni
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- (minuta) Milano, Biblioteca Nazionale Braidense, Manz.B.I.45/1, cc. 4rv
- (copia) Milano, Biblioteca del Centro nazionale di studi manzoniani, 1842/281
- Edizioni
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- PARENTI 1945, p. 284 (dalla minuta autografa Manz.B.I.45/1).
- ARIETI-ISELLA 1986, lettera n. 640, vol. II, pp. 219-223, note alle pp. 791-792.
- Opere citate
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Storia della colonna infame; I promessi sposi
Monsieur,
Les lettres que j'ai eu l'honneur et le plaisir de recevoir de votre part, m'assuraient d'un souvenir qui m'est bien cher, accompagnaient de bons livres, me procuraient d'agréables connaissances. Je rends le mal pour le bien; c'est pour vous donner de l'ennui, et même pour vous proposer des embarras, que je prends la liberté de vous écrire. On m'a forcé d'avoir à Paris des affaires qui demandent à être traitées par une main habile et amie; et j'ai pensé à vous. C'est peut–être trop hardiment compter sur une bonté à laquelle je n'ai aucun droit; mais je l'ai vue si spontanée, et je l'ai trouvée si constante, que je n'ai pu résister à la tentation de risquer même d'en abuser.
Et d'abord il vous faudra essuyer un long historique. Vous savez que je publie actuellement une édition illustrée, comme on dit, et revue, ou plutôt refondue des Promessi Sposi; avec l'addition d'un ouvrage plus court, ayant pour titre: Storia della colonna infame. M.r Baudry libraire éditeur avec qui j'ai traité pour la vente de cette édition en France, insistait beaucoup pour que je m'engageasse à completer les exemplaires qui pourraient demeurer dépareillés, par l'inexactitude de quelque abonné; condition qui n'avait été exigée par aucun autre libraire, et que je n'ai pas voulu accepter. Il consentit enfin à conclure sans cette condition et en bornant, sa première demande, comme il m'écrivait, à 100 exemplaires. Mais, sans m'en prévenir, il mit à l'abonnement une autre condition, dont l'effet inévitable devait être de le rendre presque impossible; c'est–à–dire qu'il déclare dans ses annonces que l'on ne pourrait retirer les livraisons parues, qu'en payant la totalité de l'ouvrage. Ce n'est que depuis quelques jours que je suis informé de cette mesure, à laquelle, certes, je n'aurais eu garde de consentir; et je n'ai pas été étonné d'apprendre en même temps que les 100 exemplaires étaient loin d'être placés; je m'étonne plutôt que l'on en ait pu placer un seul, d'autant plus que M.r Baudry débite en même temps une réimpression à très bon marché, distribuée en dix livraisons, et pour laquelle on ne paye rien d'avance.
Il faut que je vous dise, Monsieur, pourquoi, tout en connaissant l'inexorabilité de la spéculation libraire (qui au reste ne fait pas exception), j'ai été surpris aussi de cette réimpression. Comme M.r Baudry avait fait trois éditions de l'ancien texte des Promessi Sposi, et que ces éditions s'étaient vendues, et, je crois, beaucoup vendues, même dans cette partie de l'Italie, d'où j'aurais pu les exclure, par mon droit d'auteur, j'ai cru, lorsque je traitais avec lui, pouvoir, sans niaiserie, lui manifester l'espoir qu'il voudrait épargner cette nouvelle édition, qui me coutait un surcroît de travail, et avait exigé des avances très considérables. Vous savez, d'ailleurs, qu'on peut quelquefois proposer un amendement, du succès duquel on doute fort. En effet, M.r Baudry me déclara que, par sa position d'éditeur, il lui était impossible renoncer à réimprimer mon nouveau texte; ce qui, en demeurant, serait fait par quelque autre libraire, si ce n'était par lui. J'ai dû me le tenir pour dit, et je m'attendais que, aussitôt mon édition achevée, M.r Baudry ferait paraître la sienne. Mais je ne m'attendais nullement, je l'avoue, à une édition paraissant par livraisons, et, pour ainsi dire, talonnant la mienne. Jamais, que je sache, M.r Baudry n'en avait donné de telles; et il ne m'est pas passé par la tête, qu'il commencerait par moi, avec les rapports qui existaient entre nous.
J'ai dû enfin me demander s'il n'y avait pas moyen d'affaiblir une concurrence aussi destructive, et de redonner quelque avantage à mon édition; et j'ai vu si je ne me trompe fort, que la loi m'en fournissait un, aussi puissant, qu'aisé, quoique, à mon grand étonnement, on ne se soit pas encore avisé d'en faire usage. J'ai pensé que je pourrais faire imprimer à Paris un des chapitres encore inédits de mon nouveau texte des Promessi Sposi, dans leur nouvelle forme (ma nouvelle édition n'est encore qu'au 31.ème, et l'ouvrage en a 38) et un chapitre de l'ouvrage, ou plutôt de l'opuscule qui doit venir à la suite. Par là, aucune réimpression complète, soit des Pro[messi] Sp[osi], dans leur nouvelle forme, soit de l'appendice, ne pourra être faite en France, sans mon aveu; et M.r Baudry aura à choisir entre donner une édition fautive, en imprimant le chapitre tel qu'il se trouve dans les anciennes éditions et traiter avec moi pour l'autorisation de le réimprimer sur le nouveau texte, dont l'édition original sera faite à Paris, et sur lequel j'aurai, par ce moyen, acquis le droit d'auteur en France. Je lui ai écrit pour l'avertir de ma détermination, et pour lui dire en même temps, que j'étais très–disposé à lui accorder l'autorisation de réimprimer, soit les deux chapitres, soit celui des Promessi Sposi, dans le cas qu'il entende borner là sa réimpression; et que je lui demanderais, en compensation, de prendre à des conditions, qui feraient partie de l'arrangement, un nombre à fixer d'exemplaires de mon édition, en sus des 100 dont il s'est déjà chargé.
Vous devinez à peu près à présent, jusqu'où va être poussée mon indiscrétion envers vous. J'ose vous demander si vous voudrez avoir la bonté:
I.o De faire imprimer à mes frais à Paris, et avec toutes les formalités nécessaires pour acquérir le droit d'auteur, les deux chapitres susdits, dont je vous enverrais le manuscrit, aussitôt votre réponse reçue. Je crois qu'il serait bon que la déclaration de prise de propriété, imprimée sur le revers du titre, fût signée par vous, comme mon fondé de pouvoirs; car votre nom imposerait aux contre–facteurs, qui autrement pourraient s'imaginer qu'il n'auront affaire qu'à un pauvre absent; et j'y gagnerais de plus de voir mon nom associé au vôtre;
2.o De traiter et de conclure en mon nom avec M.r Baudry, dans le cas qu'il y fût disposé. Il ne devrait jamais être question d'une cession de propriété pour ces deux chapitres; cession dont l'effet serait d'exclure de la France ma propre édition; mais de la simple autorisation de les réimprimer une fois. Je trouverais, au surplus, très–juste, de m'engager avec M.r Baudry à ne céder à aucun autre le même droit, et à ne pas en user moi-même en France pour un temps déterminé, par exemple deux ou trois ans.
3.o De poursuivre en mon nom, dans le cas que M.r Baudry crût pouvoir prendre sur lui de réimprimer, sans mon aveu, le chapitre ou les chapitres, dont j'aurais acquis la propriété légale en France.
Il va sans dire que, si je reçois de vous, Monsieur, une reponse favorable (que je désire ardemment), j'aurai l'honneur de vous envoyer tout de suite, avec le manuscrit, une procuration contenant des pouvoir pour tous les cas exprimés dans ma requête.
Quelque grande que soit ma confiance dans votre bonté pour moi, elle n'aurait pas suffi pour me donner tout le courage que je viens de montrer. J'ai compté aussi et sans crainte de me tromper, sur la sympatie que doit trouver auprès de vous la cause du travail opprimé par la spéculation. Bien entendu, après tout, que si vous trouviez ma demande indiscrète, je vous devrais encore des remerciements pour votre patience à lire ce long factum.
Pressé de faire partir cette lettre, dont l'objet exige la plus grande sollecitude, je dois passer légèrement sur bien de choses dont j'aimerais à m'entretenir avec vous un peu plus à l'aise: d'abord l'espoir que vous m'avez donné, de vous revoir ici; mais ce plaisir–là j'aime bien mieux de pouvoir vous le montrer, que de vous l'exprimer d'avance, et de loin. Vous savez, Monsieur, quels profonds et éternels regrets se mêleront pour moi à un bonheur qui aurait été si vivement partagé; et ce m'est une consolation de pouvoir me dire que vous n'êtes pas étranger à ces regrets. Je suis impatient de vous parler du plaisir que m'a fait la lecture des lettres de Cicéron, et je compte m'en servir de texte et de point de comparaison pour des raisonnements à perte de vue sur l'état de notre langue.
Que Pariset ne m'oublie pas, et qu'il n'aille pas s'imaginer que je puisse l'oublier. Il doit savoir que cela n'arrive guère à ceux qui ont pu le connaître, et bien moins à qui peut se vanter d'être pour lui plus qu'une simple connaissance. Vous avez dû deviner que je serais fier (j'allais dire vain; et c'etait peut–être le mot) d'une marque de bienveillance de la part d'un homme tel que M.r. Berryer. Mais, ce qui vaut mieux, je suis touché, comme au premier moment. Veuillez lui dire, combien je suis heureux de pouvoir ajouter le sentiment de la reconnaissance à celui d'une admiration que je partage avec trop de monde, pour qu'elle puisse avoir aucun prix a ses yeux.
Adieu, Monsieur, allez–vous dire comme Auguste: non putabam me tibi tam amicum? J'espère mieux de votre indulgente bonté. Agréez les sentiments de ma haute estime et de ma cordiale affection.Alexandre Manzoni