Lettera n. 396
- Mittente
- Manzoni, Alessandro
- Destinatario
- Montgrand, Jean-Baptiste-Jacques-Guy-Therese, marquis de
- Data
- 14 giugno 1832 (ce 14 juin 1832)
- Luogo di partenza
- Milan
- Luogo di arrivo
- Saint-Menet près Marseille
- Lingua
- francese, latino
- Incipit
- Je viens de lire la traduction
- Indirizzo
- A Monsieur | Monsieur le Marquis de Montgrand | à S.t Menet près Marseille
- Regesto
Alessandro Manzoni ringrazia il marchese Montgrand per la sua traduzione dei Promessi sposi di cui fa elogi, scrivendo che ha abbellito l'originale.
- Testimoni
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- (minuta) Milano, Biblioteca Nazionale Braidense, Manz.B.XXX.57, c. 1rv
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(originale)
Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône,
Archives de la famille de Montgrand, 197 J 59
(Timbri postali: «ITALIE | PAR | ANTIBES»; «19 | JUIN | [18]32»; «TS»; «LT»; «MILANO | GIU[GNO]»)
- Edizioni
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- MONTGRAND 1832, pp. i-iv.
- MONTGRAND 1877, pp. viii (riproduzione in facsimile dell'autografo. Non si tratta dell'autografo custodito a Marsiglia tra le carte di Montgrand ma di un autografo diverso, di contenuto identico perfino nelle correzioni, cfr. CARTEGGI LETTERARI 2016, p. 628).
- SFORZA 1882-1883, vol. I, p. 451.
- ARIETI-ISELLA 1986, lettera n. 396, vol. I, pp. 672-673, note alle pp. 1001-1002.
- CARTEGGI LETTERARI 2016, lettera n. 238, pp. 626-628, note alle pp. 628-629.
- Opere citate
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Monsieur,
Je viens de lire la traduction que vous avez eu la bonté de me communiquer et la bonté plus grande encore d'entreprendre; et je suis passablement embarrassé à vous rendre compte de l'impression que j'en ai reçue. En vous parlant du plaisir que cette traduction m'a fait, j'aurais peur de paraitre content de feu l'original: car c'est lui, c'est bien lui:
Sic oculos, sic ille manus, sic ora gerebat:
même mouvement, même langage, à la différence des sons près; même expression au fond, quoique bien souvent plus heureuse. Il me semble pourtant que l'on peut louer de bon coeur son portrait, en admirer la facture, le coloris, et même la ressemblance, sans que cela signifie que l'on se croit beau garçon. Cela signifie seulement qu'un fort habile peintre trouve la manière d'embellir un sujet, sans le dénaturer. J'aurais deviné, Monsieur, si vous ne m'aviez pas fait l'honneur de me l'apprendre, que vous avez habité ce pays-ci: car la simple connaissance littéraire, même la plus approfondie, de notre langue si éparpillée, si mêlée, si peu constatée dans les livres, ne saurait donner l'intelligence d'une foule de locutions dont vous avez saisi parfaitement le sens, et le sens quelquefois détourné, par un caprice de l'auteur, de l'acception, capricieuse elle-même, mais convenue. D'un autre côté, toutes les fois que cet auteur, en vous lisant, s'est oublié lui-même (ce qui nous arrive parfois, quoi qu'on en dise) rien n'aurait pu lui rappeler que c'était une traduction qu'il lisait; tant la diction lui paraissait franche, coulante, | spontanée, immédiate, pour ainsi dire. Mais voilà encore un point sur lequel j'en ai peut-être déjà trop dit; puisqu'il s'agit d'une langue qui m'est étrangère et que, certes, il ne suffit pas de beaucoup aimer, pour avoir le droit de la louer dans un écrit. Pourrai-je même, sans danger de vous paraitre ridiculement vain, vous témoigner le souhait, l'espoir d'un succès, dans lequel j'aurais l'air de me croire intéressé? Je sens bien (et j'oserais presque dire: autant que je le dois) ce qu'il y aurait de vanité de ma part, ce qu'il y a d'indulgence de la votre à solliciter l'attention d'un public, qui a bien autre chose en tête, pour un ouvrage trop volumineux pour être appelé bluette, trop frivole pour mériter un autre nom, et qui, du reste, a eu le temps de vieillir. En voulant bien choisir une telle matière pour votre travail, vous avez vous-même fait en sorte qu'il fût difficile de vous rendre justice; mais, autant que le travail peut être considéré à part de la matière, il m'est, je crois, permis d'espérer que la beauté du votre sera appréciée: et si quelque chose en rejaillit sur l'ouvrage, c'est à moi de sentir à quoi cela sera dû, et de me préserver de la présomption par la reconnaissance.
C'est là au bout du compte le sentiment qu'il m'est le plus facile de vous exprimer. Veuillez en agréer l'hommage, ainsi que celui de la profonde estime et de la haute considération, avec lesquelles j'ai l'honneur d'être
Monsieur,votre très-humble et très-obéissant serviteur
Alexandre Manzoni