Lettera n. 112

Mittente
Manzoni, Alessandro
Destinatario
Fauriel, Claude
Data
13 luglio 1816 (ce 13. Juillet 1816)
Luogo di partenza
Brusuglio
Luogo di arrivo
Paris
Lingua
francese
Incipit
Que vous fûtes bien inspiré, mon cher ami
Indirizzo
À Monsieur | M.r Charles Fauriel | rue verte vis-à-vis la petite rue verte N.o 30. | chez M.r Haron Romain Architecte | à Paris
Regesto

Manzoni risponde a una lettera di Fauriel chiedendogli notizie delle sue occupazioni. Lo informa della composizione del Carmagnola e avanza osservazioni sullo stato della letteratura. Lo prega di ringraziare Botta per avergli riservato un esemplare del Camillo.

Testimoni
  • (originale) Milano, Biblioteca Ambrosiana, S.P.29, n. 30
    (Timbro Postale: «Juillet | 27 | 1816».)
Edizioni
  • DE GUBERNATIS 1880, p. 308.
  • SFORZA 1882-1883, vol. I, p. 142.
  • SFORZA 1912-1921, vol. I, p. 369.
  • ARIETI-ISELLA 1986, lettera n. 112, vol. I, pp. 159-163, note alle pp. 782-783.
  • BOTTA 2000, lettera n. 53, pp. 207-211, note alle pp. 211-215.
Opere citate

Il Conte di Carmagnola

+ Testo della lettera

Mon travail avance toujours, et je fais ce que je peux pour le rendre moins indigne de vous être offert: je suppose que dans votre lettre vous me disiez quelque chose sur le sujet: je suis bien empressé de savoir s'il vous parait bon à en tirer quelque chose. Ne croyez pas que je veuille faire la guerre aux regles pour avoir le plaisir de les combattre sans necessité; je ne fais que les éviter quand je les trouve dans mon chemin, et qu'il me parait qu'elles m'empêchent d'arriver, ou de bien marcher. Qu'il est triste pour moi de ne pouvoir vous consulter, et combien de fois je m'efforce de deviner quel serait votre avis, si j'avais la consolation de pouvoir vous le demander! J'ammasse des idées et des observations pour un long discours qui doit accompagner ma Tragedie, et celui-ci n'aurait pas moins besoin qu'elle d'être fait avec vos conseils et sous vos yeux. Je commence à croire qu'on est ici disposé à recevoir favorablement les nouveautés raisonnables en litterature; il se fait peu-a-peu une crise dans l'opinion à ce sujêt, et il me parait qu'on doute, sans s'en douter, sur beaucoup d'opinions qu'on croyait assurées. Ainsi au fond je ne crains pour ma Tragedie qu'un malheur, et c'est aussi celui qui peut arriver trop facilement, | c'est-à-dire qu'elle ne manque de vrai merite. Quoique il y ait chez nous beaucoup moins d'idées vraies et etendues en circulation sur la litterature que chez vous, quoique on repete tous les jours, que ce qui s'éloigne de l'antiquité ne vaut rien, qu'il y a une litterature pour chaque nation, et que les limites en sont tres marquées, qu'il faut toujours marcher par le même chemin parcequ'il est le seul qui mêne au beau etc. je crois que tous ces préjugés ne tiendraient point contre un ouvrage qui y irait par quelque autre chemin. Il me parait qu'on est plus difficile en France, et que des ouvrages contenant de veritables beautés sont negligés par cela seul qu'il ne sont pas dans la route des regles communes. Je n'en veux d'autre exemple que Wallstein. Si je me trompe redressez-moi. Au reste il me parait que la poesie est chez nous dans un état plus pitoyable qu'en France. J'envie presque le ton minaudier des imitateurs de Delille. Leur poesie porte au moins l'empreinte du caractere de la conversation des boudoirs, elle est plus pres d'un genre de vie que la notre, elle est plus populaire: mais ce style savant (et encor de quel savoir), ces idées et ces moeurs traditionelles de l'école dont est encore composée à-peu-pres notre Poesie, sont pour moi bien plus anti poetiques.